La Meinau aime les pruneaux


Déjà vainqueur de Castres (deux fois), Auch et Biarritz, Agen a battu Perpignan (17-3), hier à la Meinau devant 12000 spectateurs.

Hier, en fin d’après-midi, toutes les conditions étaient réunies pour donner des couleurs à la Meinau, ce temple du ballon rond (quand Amiens ne fait pas fuir les fidèles !) et faire de cet USA Perpignan – SU Agen un véritable match de gala. Et encore, là, faut-il écrire gala avec un grand G.

Narjissi : le clin d’œil

Sous le soleil et devant une foule, bigarrée et chaleureuse, venue en nombre, Catalans et Lot et Garonnais ne se sont pas gênés pour jouer et faire le spectacle. Et là, franchement, dans cette noble entreprise, c’est le SUA qui a le plus frappé les esprits. D’abord, parce qu’il s’est si habilement débrouillé qu’il mena 10-0 dès la 19e minute de jeu. Ensuite parce que les Lot et Garonnais firent en sorte que ce fut Jalil Narjissi qui marqua le premier essai de la rencontre.

Ancien du Racing et des sélections des jeunes d’Alsace-Lorraine, Jalil n’a pas oublié qu’il fut demi-finaliste de la Coupe Taddei avec le CTAL en 1999. Et, rien que pour cette raison, ce plongeon en terre promise fut, pour lui, un vrai saut au paradis.

Dans les tribunes, Philippe Conil, un « grand » ancien du Racing de Hautepierre, jadis champion Crabos avec les jeunes de Perpignan puis vainqueur du Du Manoir avec Agen en tant que « réserviste » de Daniel Dubroca, en avait le cœur tout à l’envers : « Voir ce jeune marquer un tel essai, c’est ce qui, presque, pouvait nous arriver de mieux. C’est un joli clin d’œil à notre formation. C’est un joli clin d’œil à l’offensive et c’est, aussi et surtout, un joli clin d’œil au public… »

Si, à l’arrivée, Matthys Stoltz, l’un des entraîneurs agenais (Henry Broncan fait actuellement une pige pour la Géorgie !) était forcément satisfait « même si notre seconde mi-temps a été plus pénible et même si j’aimerais que nous soyons globalement plus offensifs », Bernard Goutta, son pendant des Pyrénées Orientales, ne vivait pas le revers comme un gros échec : « Bien que nous ayons manqué nos deux entames de mi-temps parce que ce n’était que notre premier match et parce qu’il nous manquait, pour cause de Mondial, entre huit et dix joueurs de la une, il y a eu du jeu et de belles choses. Nos jeunes ont chèrement vendu leur peau, et ça m’a bien plu… »

L’Algérie en 2008 à Mulhouse ?

Juste avant de rentrer aux vestiaires, Pepito Elhorga, comme tous ses copains du SUA, était navré du claquage dont a été victime d’entrée de jeu la star fidjienne Rupeni Caucaunibuca. Pepito trouvait quand même de bonnes raisons de sourire : « Un, nous avons été formidablement bien accueillis en Alsace. Deux, Perpignan ne nous a pas marqué d’essai. Trois, nous avons gagné. »

Avant un possible Sélection d’Alsace-Lorraine – Algérie (qui vient de rejoindre l’IRB) l’an prochain au Stade de l’Ill à Mulhouse (avant de tirer sa révérence de président alsacien, Armando Cutone y songe très fort), Perpignan (même vaincu) et Agen (séduisant) ont agréablement égayé un bel après-midi d’automne strasbourgeois. Les pruneaux avaient du jus, et la Meinau s’est délectée. Que demander de plus ?