Prêt à entrer en mêlée avec le maillot de Morlaas, Lucas Scherrer (à droite, bandeau bleu et blanc) est également bien décidé à terminer par un succès les championnats U19 qu’il dispute avec la Pologne au Portugal.
Né de mère polonaise et de père alsacien, le pilier Lucas Scherrer, qui a fait ses premiers pas de rugbyman à Chalampé, dispute actuellement au Portugal ses deuxièmes championnats d’Europe U19 avec l’équipe de Pologne.
Repéré par hasard dans la pizzeria de son père Jean-Yves à Rumersheim-le-Haut alors qu’il n’avait que 13 ans, le Haut-Rhinois Lucas Scherrer a, depuis l’École de rugby à Chalampé, franchi avec brio toutes les étapes : « J’ai accroché de suite avec le rugby. » Engagé avec l’équipe de Pologne aux championnats d’Europe U19 au Portugal, il a honoré hier sa 8e sélection face aux Pays-Bas. « La moitié de ma famille vit en Pologne. J’avais le choix entre la France et la Pologne, mais la fédération polonaise m’a donné ma chance », rapporte le première ligne.
Déjà 4èmes au championnat d’Europe U18 et 8émes en U19 en 2014, les coéquipiers de Lucas Scherrer sont tombés sur un os en quart de finale dimanche dernier, avec à la clé une grosse défaite face à la Roumanie (87-0). « Contre les Russes, autre nation favorite avec le Portugal, on tient car ils sont moins physiques. Mais les Roumains… c’est impossible. On leur rend 10 kg et ils ont deux têtes de plus que nous. Physiquement, ils sont au-dessus. C’est le gros morceau de la compétition » , poursuit le Chalampéen.
La « famille » Chalampé
Le première ligne affiche pourtant 1,82 m sous la toise et 120 kg, un physique imposant qui pourra lui ouvrir d’autres portes dans le futur. « La Fédération polonaise souhaite faire une équipe U23 et l’objectif sera d’y être. Au-dessus, c’est loin… Intégrer les seniors serait déjà le top. Cela se rapproche du niveau de la Fédérale 1 en première ligne » , analyse le rugbyman. Pour parvenir à ses fins, Lucas Scherrer poursuit actuellement son apprentissage du côté de Morlaas, en Fédérale 2, où il joue en Belascain. « Après Chalampé, je suis allé à Strasbourg et au CRR de Molsheim en cadets 1. Je suis revenu à Chalampé en cadets 2 puis j’ai joué deux ans à Pau en juniors Crabos. Maintenant, je porte les couleurs de Morlaas en juniors 3 et je compte quatre titularisations en quatre matches. »
De son parcours de globe-trotter, il parle surtout avec émotion de ses débuts à Chalampé : « C’est là où tout a commencé. Je pense notamment à Didier Juilleret qui a toujours été derrière moi, et au Ludovicien Alain Stimpfling. Ce club, c’est une famille. »
« Ma grand-mère en pleurs »
Ces racines, Lucas Scherrer a besoin de les retrouver. Il est d’ailleurs resté très proche de sa mère et son père, pas peu fiers de la réussite de leur grand garçon. « Je ne serais pas là sans eux. Je les ai tous les soirs au téléphone et sur internet. Comme ma sœur Larissa de 23 ans, ils sont toujours présents » , détaille-t-il. « À ma première sélection, ma famille polonaise était là. Ma grand-mère était dans le stade et pleurait durant les hymnes » , confesse le colosse haut-rhinois.
Mais s’il a choisi les couleurs polonaises chères à sa mère Katarzyna, qui sera sa première supportrice demain en match de classement face à la Belgique ou l’Allemagne, Lucas Scherrer se sent tout autant Français. Par admiration pour son père Jean-Yves qui, après avoir attrapé le virus du ballon ovale, est devenu en quatre ans membre à Chalampé, au CD 68, à la commission des règlements et, depuis peu manager, U16 et U14 du CD 68. « Papa, c’est un exemple pour entreprendre. Actuellement, je suis en 1re année de fac d’économie. Je souhaite faire une licence en Pologne, mais même si je parle polonais, ce n’est pas suffisant pour étudier. Ensuite, j’aimerais aller vers un master d’économie-gestion puis, pourquoi pas, créer une entreprise comme mon père » , conclut l’Alsacien.
En attendant, Lucas Scherrer a un dernier match à gagner avec la Pologne. Et il entend bien honorer sa 9e cape internationale par une victoire.